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Le paysage naît véritablement comme genre pictural au XVIIe siècle dans la peinture hollandaise. Le calvinisme des Provinces-Unies, par son rejet de l’iconographie religieuse, favorise sans doute le développement des autres genres picturaux tels que la nature morte, les vanités, les scènes de genre et les paysages. L’activité commerciale favorise le développement d’une bourgeoisie d’affaires, à la recherche de vues familières pour décorer ses intérieurs. Le paysage devient alors un sujet à part entière, représenté pour lui-même, indépendamment de toute référence mythologique ou religieuse. Cependant, dans la hiérarchie des genres picturaux telle qu’elle est établie par André Félibien en 1667 dans sa préface aux Conférences de l’Académie Royale de peinture et de sculpture, le paysage reste un genre mineur : la peinture allégorique et la peinture d’histoire occupent les places les plus élevées, puis viennent le portrait, la peinture animalière, puis le paysage et enfin la nature morte. En Italie et en France, le paysage reste tributaire des sujets religieux et mythologiques auquel il sert de cadre. Il n’acquiert de valeur que reconstruit par l’imagination de l’artiste et ennobli par la présence de l’homme et du sacré. C'est avec le romantisme que la paysage acquiert ses lettres de noblesse: la recherche du pittoresque, le dialogue de l'homme avec la nature, le sublime, la quête du sacré, sont autant de composantes du paysage romantique (voir ici: http://danslesmarges.eklablog.com/friedrich-peintre-romantique-a128316272. Ce n'est que dans la deuxième moitié du 19ème que s'affirme la volonté d'explorer des paysages ordinaires, aussi bien campagnards que citadins. Parcours du genre avec Claude Monet.
La pie, 1869, Musée d'Orsay, Paris
Impression soleil levant, 1872, Musée Marmottan, Paris
Le Boulevard des Capucines, 1873-1874, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City
Les meules, fin de l'été, 1891, Musée d'Orsay, Paris
Coquelicots, 1873, Musée d'Orsay, Paris
La Seine à Argenteuil, 1874, Neue Pinakothek, Munich
Londres, le pont de Waterloo, 1903, Denver Art Museum
Claude Monet, Champ de tulipes en Hollande, 1886
huile sur toile, 66 × 82cm, Musée d’Orsay, Paris
Claude Monet, Soleil d'hiver à Lavaucourt, 1879-1880
huile sur toile, 55 x 81 cm, Musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, France.
Claude Monet, Mer agitée à Etretat, 1883
huile sur toile, 100 cm x 81 cm, Musée des beaux-arts de Lyon
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Si le monde du travail intéresse au plus haut point certains peintres du 19ème, les loisirs (parties de campagne, canotage, fêtes) font aussi l'objet de leur attention.
Edouard Manet, Le Déjeuner sur l'herbe, 1863
2,08 m x 2,64 m, Musée d'Orsay, Paris
Claude Monet, Le déjeuner sur l'herbe (fragment de droite), 1865
Musée d'Orsay, Paris
Frédéric Bazille, Scène d'été ou les baigneurs, 1869
160 × 160,7 cm, Cambridge, Massachusetts, Fogg Art Museum.
Pierre-Auguste Renoir, Le bal du moulin de la galette, 1876
1,31 m x 1,75 m, Musée d'Orsay, Paris
Claude Monet, Régate à Argenteuil, vers 1872
48 × 75 cm, Musée d'Orsay, Paris
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Au 17ème siècle s'élabore, en France en particulier, une vision édifiante et morale de la peinture: l'art doit instruire, donner à voir des exemples nobles, en empruntant ses sujets à la mythologie, à l'histoire, ou à la Bible. A la même époque, en Hollande (on parle alors de Provinces-Unies), les peintres adoptent de petits formats et peignent la vie quotidienne, l'intimité. On parle de "scènes de genre".
Au 19ème siècle, en France, les artistes remettent en cause l'enseignement académique qui hiérarchise les genres picturaux et place au sommet la grande peinture, la peinture d'histoire. Les peintres sortent de leurs ateliers, peignent "sur le motif" des paysages, des paysans... Quand ils y retournent, ils consacrent de grands formats à ces scènes considérées comme mineures pour leur donner une dimension nouvelle et installer l'ordinaire au cœur de l'art. (NB: la question du format est essentielle pour comprendre des œuvres qui ont pu faire scandale au 19ème en France: on consacre normalement les grandes toiles aux grands sujets et peindre comme le fait Courbet presque grandeur nature des hommes et des femmes ordianires provoque incompréhension.)
Parfois, le peintre saisit un moment, le fixe dans un petit format; parfois, il l'auréole d'une grandeur presque sacrée. Panorama...
Johannes Vermeer, La Laitière, 1657–1658,
46 cm x 41 cm, Rijksmuseum Amsterdam
Johannes Vermeer, La dentellière, 1669–1670
24 cm x 21 cm, Musée du Louvre, Paris
Rosa Bonheur, Labourage Nivernais, 1849
H. 1,34 ; L. 2,6 m, Musée d'Orsay, Paris
Jean-François Millet, Des glaneuses, 1857,
84 cm x 1,12 m, Musée d'Orsay, Paris
Jean-François Millet, L'angélus, 1857–1859
56 cm x 66 cm, Musée d'Orsay, Paris
Jules Breton, Le rappel des glaneuses, 1859
H. 90 ; L. 176 cm
Gustave Caillebotte, Les raboteurs de parquet, 1875
1,92 m x 1,46 m, Paris, Musée d'Orsay
Edgar Degas, Les repasseuses, 1884-1886
H. 76 ; L. 81,5 cm, Musée d'Orsay, Paris
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