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Par proflemerle le 25 Mars 2018 à 15:47
un peu de philosophie (faites un peu chauffer vos neurones, tant qu'on ne les a pas remplacés par un circuit imprimé):
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Par proflemerle le 4 Mai 2017 à 09:40
Faire naître le désir, c'est jouer avec notre attente de quelque chose d'extraordinaire. La publicité l'a bien compris qui nous promet tant l'aventure au quotidien que l'arrachement à ce quotidien gris et terne...
un rien vieilli, mais cela rappellera quelques souvenirs à certains d'entre nous:
allez, ça suffit, vous avez trop regardé la télévision, maintenant éteignez!
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Par proflemerle le 4 Avril 2017 à 09:10
Beaumarchais écrit à la fin du Mariage de Figaro que "tout finit par des chansons": concluons notre réflexion sur le thème de l'extraordinaire avec un peu de musique.
Groupe célèbre dans les années 90, Les Innocents sont connus pour deux titres qui peuvent ici fournir deux références intéressantes pour traiter du thème de l'extraordinaire. La première: "un homme extraordinaire".
Sans connaître les raisons qui ont
poussé cet homme à vivre
dans une autre ville
on l'estime
comme quelqu'un de toujours poli
qu'il soit heureux ou qu'il soit triste
Sans donner d'importance
A la chance
De voir cet homme, ce soir
Qui rentre un peu moins tard
Ses enfants
Aiment leur père avec une impatience
Qui le laissera vieillir
Juste après leur enfance
Il tourne
sur un monde solitaire
il court
il approche un autre siècleOn se souviendra
de ceux qui commettent
un crime un jour
de tous ces chasseurs de primes
et puis d'oublier la vie
d'un homme extraordinaire
Sans l'espoir d'apprendre
A leur apprendre
A ne pas compter les heures
Qui s'enroulent et qui meurent
Que leur dire ?
Qu'ils viennent sur terre juste pour y répandre
Un peu d'amour
Et quelques cendres
On se souviendra
de ceux qui commettent
un crime un jour
de tous ces chasseurs de primes
et puis d'oublier la vie
d'un homme extraordinaire
Sans connaître les raisons
Qui ont
Poussé cette femme à fuir
Encore une autre ville
On la voit
Comme quelqu'un qui a bien réagi
Face à la mort
Et à l'oubli
Elle tourne
sur un monde solitaire
Elle court
Elle approche un autre siècle
On se souviendra
de ceux qui commettent
un crime un jour
de tous ces chasseurs de primes
Oh non, non pas de sa vie
Tombée dans l'oubli
Des villes sans mémoire
Qui se souviendra ?
De ceux qui ont une histoire
D'un jour
D'un homme qui commence à boire
La vie d'un homme sans nom
Un homme extraordinaireConsidérons le refrain: On se souviendra //de ceux qui commettent // un crime un jour // de tous ces chasseurs de primes //et puis d'oublier la vie //d'un homme extraordinaire. Ce qui frappe notre imaginaire, c'est bien l'extraordinaire, le "crime". Mais qui se souvient des gens ordinaires? qui accorde de l'attention aux gens en apparence sans histoire, qui ont pourtant des histoires à raconter? (on peut aussi exploiter la chanson pour s'interroger sur ce qui marque la mémoire)Autre chanson, le premier succès du groupe, "L'autre Finistère":Comprendrais-tu ma belle
Qu'un jour, fatigué
J'aille me briser la voix
Une dernière fois
A cent vingt décibels
Contre un grand châtaignier
D'amour pour toi
Trouverais-tu cruel
Que le doigt sur la bouche
Je t'emmène, hors des villes
En un fort, une presqu'île
Oublier nos duels
Nos escarmouchesNos peurs imbécilesOn irait y attendre
La fin des combats
Jeter aux vers, aux vautours
Tous nos plus beaux discours
Ces mots qu'on rêvait d'entendre
Et qui n'existent pas
Y devenir sourd
Il est un estuaire
A nos fleuves de soupirs
Où l'eau mêle nos mystères
Et nos belles différences
J'y apprendrai à me taire
Et tes larmes retenir
Dans cet autre Finistère
Aux longues plages de silence
Bien sûr on se figure
Que le monde est mal fait
Que les jours nous abîment
Comme de la toile de Nîmes
Qu'entre nous, il y a des murs
Qui jamais ne fissurent
Que même l'air nous opprime
Et puis on s'imagine
Des choses et des choses
Que nos liens c'est l'argile
Des promesses faciles
Sans voir que sous la patine
Du temps, il y a des roses
Des jardins fertiles
Il est un estuaire
A nos fleuves de soupirs
Où l'eau mêle nos mystères
Et nos belles différences
J'y apprendrai à me taire
Et tes larmes retenir
Dans cet autre Finistère
Aux longues plages de silence
Car là-haut dans le ciel
Si un jour je m'en vais
Ce que je voudrais de nous
Emporter avant tout
C'est le sucre, et le miel
Et le peu que l'on sait
N'être qu'à nous
Il est un estuaire
A nos fleuves de soupirs
Où l'eau mêle nos mystères
Et nos belles différences
J'y apprendrai à me taire
Et tes larmes retenir
Dans cet autre Finistère
Aux longues plages de silenceJean Jacques Goldman, "Il changeait la vie", sur le thème des gens ordinaires qui changent la vie (?)C'était un cordonnier, sans rien d'particulier
Dans un village dont le nom m'a échappé
Qui faisait des souliers si jolis, si légers
Que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
C'était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
C'était un p'tit bonhomme, rien qu'un tout p'tit bonhomme
Malhabile et rêveur, un peu loupé en somme
Se croyait inutile, banni des autres hommes
Il pleurait sur son saxophone
Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur
Les rêves de sa vie, les prisons de son cœur
Et loin des beaux discours, des grandes théories
Inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris
Il changeait la vieAznavour toujours... le désir d'ailleurs et l'appel du large "pour débarbouiller ce gris..."Vers les docks où le poids et l'ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateauxIls viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciels bleus
De miragesTraînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nus
Sur les plagesMoi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bordEmmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleilDans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre à la mainJe perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grèveOù je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêveQuand les bars ferment, que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le portEmmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleilUn beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerais dans
La soute à charbonPrenant la route qui mène
A mes rêves d'enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n'est important
Que de vivreOù les filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m'a t'on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrentJe fuirais laissant là mon passé
Emmenez-moi au bout de la terre
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleilPartir, vivre des choses extraordinaires, aller à l'aventure... c'est aussi le sujet de "New York avec toi" de Téléphone. "Voir si le cœur de la ville bat en toi": l'extraordinaire se vit à travers l'intensité des sensations.Un jour j'irai à New-York avec toi
Toutes les nuits déconner
Et voir aucun film en entier, ça va d'soi
Avoir la vie partagée, tailladée
Bercés par le ronron de l'air conditionné
Dormir dans un hôtel délaté
Traîner do côté gay et voir leurs corps se serrer
Voir leurs coeurs se vider et saigner
Oui, saigner
Un jour j'irai là-bas
Un jour Chat, un autre Rat
Voir si le coeur de la ville bat en toi
Et tu m'emmèneras
Emmène moi !
Un jour j'aurai New-York au bout des doigts
On hy jouera, tu verras
Dans les clubs il fait noir, mais il ne fait pas froid
n ne fait pas froid si t'y crois
Et j''y crois !
Les flaques de peinture sur les murs ont parfois
La couleur des sons que tu bois
Et puis c'est tellement grand que vite on oubliera
Que nulle part c'est chez moi, chez toi
Chez nous quoi !
Un jour j'irai là-bas
Un jour Chat, un autre Rat
Voir si le coeur de la ville bat en toi
Et tu m'emmèneras
Emmène-moi, mène-moi {2x}
Toucher à ci, toucher à ca
Voir si le coeur de la ville bat en moi
Et tu m'emmèneras !
Emmènes moi !Léo Ferré chante Baudelaire: une mise en musique du poème "A une passante": la rencontre bouleversante d'une femme dans la rue. "Un éclair, puis la nuit, fugitive beauté, / Dont le regard m'a fait soudainement renaître": l'extraordinaire est ce qui nous révèle quelque chose de nous-mêmes, qui nous rend vivants, mais qui n'existe que comme quelque chose d’éphémère, qui n'a de sens que par sa brièveté.La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !Un autre homme extraordinaire: "l'extraordinaire étranger" de Charles de Baudelaire, mis en musique par Léo Ferré, à nouveau.- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est
resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas...
là-bas... les merveilleux nuages !Pourquoi l'étranger évoqué dans ce poème en prose est-il extraordinaire? Est-ce de ne pas être comme nous et de n'aimer que les nuages, de savoir regarder ce que nous ne voyons pas?
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Par proflemerle le 29 Mars 2017 à 17:52
Le paysage naît véritablement comme genre pictural au XVIIe siècle dans la peinture hollandaise. Le calvinisme des Provinces-Unies, par son rejet de l’iconographie religieuse, favorise sans doute le développement des autres genres picturaux tels que la nature morte, les vanités, les scènes de genre et les paysages. L’activité commerciale favorise le développement d’une bourgeoisie d’affaires, à la recherche de vues familières pour décorer ses intérieurs. Le paysage devient alors un sujet à part entière, représenté pour lui-même, indépendamment de toute référence mythologique ou religieuse. Cependant, dans la hiérarchie des genres picturaux telle qu’elle est établie par André Félibien en 1667 dans sa préface aux Conférences de l’Académie Royale de peinture et de sculpture, le paysage reste un genre mineur : la peinture allégorique et la peinture d’histoire occupent les places les plus élevées, puis viennent le portrait, la peinture animalière, puis le paysage et enfin la nature morte. En Italie et en France, le paysage reste tributaire des sujets religieux et mythologiques auquel il sert de cadre. Il n’acquiert de valeur que reconstruit par l’imagination de l’artiste et ennobli par la présence de l’homme et du sacré. C'est avec le romantisme que la paysage acquiert ses lettres de noblesse: la recherche du pittoresque, le dialogue de l'homme avec la nature, le sublime, la quête du sacré, sont autant de composantes du paysage romantique (voir ici: http://danslesmarges.eklablog.com/friedrich-peintre-romantique-a128316272. Ce n'est que dans la deuxième moitié du 19ème que s'affirme la volonté d'explorer des paysages ordinaires, aussi bien campagnards que citadins. Parcours du genre avec Claude Monet.
La pie, 1869, Musée d'Orsay, Paris
Impression soleil levant, 1872, Musée Marmottan, Paris
Le Boulevard des Capucines, 1873-1874, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City
Les meules, fin de l'été, 1891, Musée d'Orsay, Paris
Coquelicots, 1873, Musée d'Orsay, Paris
La Seine à Argenteuil, 1874, Neue Pinakothek, Munich
Londres, le pont de Waterloo, 1903, Denver Art Museum
Claude Monet, Champ de tulipes en Hollande, 1886
huile sur toile, 66 × 82cm, Musée d’Orsay, Paris
Claude Monet, Soleil d'hiver à Lavaucourt, 1879-1880
huile sur toile, 55 x 81 cm, Musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, France.
Claude Monet, Mer agitée à Etretat, 1883
huile sur toile, 100 cm x 81 cm, Musée des beaux-arts de Lyon
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