• Le film de Lars von Trier, Melancholia (2010) s'ouvre sur une scène onirique, juxtaposant des images pleines d'étrangeté, semblant tout droit sorties d'un rêve, sur une musique de Richard Wagner (le prélude de l'opéra Tristan et Isolde). Huit minutes suspendues dans un univers étrange, mêlant images du film et souvenirs artistiques. 

    "Justine vit l'un des plus beaux moments de sa vie. Tout a été fait pour que son mariage soit une réussite : le cadre tout d'abord, une immense demeure entourée d'un parc que des illuminations viendront embellir, les invités ensuite, la famille et les amis du couple. La fête bat son plein. Pourtant, la nuit venue, Justine se sent lentement envahie par des doutes sans fondement, un vague à l'âme, une mélancolie étrange. Parallèlement, avec son télescope, un enfant découvre un corps céleste inconnu dans l'espace. Une planète massive, dont la route pourrait croiser celle de la Terre. Au fur et à mesure que la planète s'approche, le moral de Justine se dégrade. Sa soeur, au tempérament opposé, essaie de la raisonner..." telerama.fr

     


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  • Le rêve, quelques images

     

    Henri Le Sidaner, Le dimanche, 1898

     

    Le rêve, quelques images

     

    Johann-Heinrich Fussli, Le cauchemar, 1781

     

    Le rêve, quelques images

     

    Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve, 1883

     

    Le rêve, quelques images

    Alphonse Osbert, Les chants de la nuit, 1896

     

    Le rêve, quelques images

    Henri Rousseau dit, le Douanier, Le rêve, 1910

     

    Le rêve, quelques images

    Edward Burne-Jones, La Belle au bois dormant, 

     


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  • Un classique du cinéma d'animation: Fantasia de Walt Disney, 1940. Mickey est un apprenti sorcier. En l'absence de son maître, il anime un balai auquel il confie le soin d'effectuer les tâches qui lui incombent... Il s'endort, se met à rêver... Et le balai échappe à son contrôle. Il faudra le retour du mage pour rétablir l'ordre.

    Fantasia... à lui seul le titre est un programme: le grec "phantasia" signifie "faculté de concevoir des images". On peut rapprocher le terme de "phantasma" (songe, apparition, rêve, fantôme, spectre...). Tout le film se présente donc comme une rêverie, une suite d'images qui naissent d'une partition de la musique classique. Cet extrait prend appui sur une partition du compositeur Paul Dukas, un poème symphonique intitulé L'apprenti sorcier , lequel poème symphonique est une transposition du poème de l'Allemand Johann Wolfgang von Goethe, "L'apprenti sorcier", dont voici la traduction par Gérard de Nerval:

    Le vieux maître est enfin sorti, et je prétends que ses génies fassent aussi ma volonté. J’ai bien remarqué les signes et les paroles qu’il emploie, et j’aurai bien la hardiesse de faire comme lui des miracles.

    « Allons ! allons ! vite à l’ouvrage : que l’eau coule dans ce bassin, et qu’on me l’emplisse jusqu’aux bords !

    « Approche donc, vieux balai : prends-moi ces haillons ; depuis longtemps, tu es fait au service, et tu te soumettras aisément à devenir mon valet. Tiens-toi debout sur deux jambes, lève la tête, et va vite, va donc ! me chercher de l’eau dans ce vase.

    « Allons ! allons ! vite à l’ouvrage : que l’eau coule dans ce bassin, et qu’on me l’emplisse jusqu’aux bords ! »

    Tiens ! le voilà qui court au rivage !… Vraiment, il est au bord de l’eau !… Et puis il revient accomplir mon ordre avec la vitesse de l’éclair !… Une seconde fois ! Comme le bassin se remplit ! comme les vases vont et viennent bien sans répandre !

    « Attends donc ! attends donc ! ta tâche est accomplie ! » Hélas ! mon Dieu ! mon Dieu !… j’ai oublié les paroles magiques !

    Ah ! ce mot, il était à la fin, je crois ; mais quel était-il ? Le voilà qui revient de nouveau ! « Cesseras-tu, vieux balai ?… » Toujours de nouvelle eau qu’il apporte plus vite encore !… Hélas ! quelle inondation me menace !

    Non, je ne puis plus y tenir… Il faut que je l’arrête… Ah ! l’effroi me gagne !… Mais quel geste, quel regard me faut-il employer ?

    « Envoyé de l’enfer, veux-tu donc noyer toute la maison ? Ne vois-tu pas que l’eau se répand partout à grands flots ? » Un imbécile de balai qui ne comprend rien ! « Mais, bâton que tu es, demeure donc en repos !

    « Tu ne veux pas t’arrêter, à la fin !… Je vais, pour t’apprendre, saisir une hache, et te fendre en deux ! »  

    Voyez-vous qu’il y revient encore ! « Comme je vais me jeter sur toi, et te faire tenir tranquille !… » Oh ! oh ! ce vieux bâton se fend en craquant !… C’est vraiment bien fait : le voici en deux, et, maintenant, je puis espérer qu’il me laissera tranquille.

    Mon Dieu ! mon Dieu ! les deux morceaux se transforment en valets droits et agiles !… Au secours, puissance divine !

    Comme ils courent ! Salle, escaliers, tout est submergé ! Quelle inondation !… Ô mon seigneur et maître, venez donc à mon aide !… Ah ! le voilà qui vient ! « Maître, sauvez-moi du danger : j’ai osé évoquer vos esprits, et je ne puis plus les retenir.

    — Balai ! balai ! à ton coin ! et vous, esprits, n’obéissez désormais qu’au maître habile, qui vous fait servir à ses vastes desseins. »

    Notons que Disney ajoute une idée au poème: celle du rêve auquel l'apprenti croit pouvoir s'abandonner en laissant le balai faire le travail à sa place... Malheur à celui qui rêve et qui laisse le réel lui échapper?

    Le poème de Goethe comme le film de Disney interroge ce vieux rêve humain: et si les objets, les machines, pouvaient un jour faire notre travail, nous affranchir de cette malédiction divine?

     

     


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  • Rêve / Objets...

    Antonio de Pereda, « Le songe du chevalier », huile sur toile, 152 x 217 cm.

    Académie des Beaux-arts de San Fernando, Madrid.


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  • Barbara, "Drouot" (Album L'Aigle Noir, 1970)

     

    Dans les paniers d'osier de la salle des ventes

    Une gloire déchue des folles années trente

    Avait mis aux enchères, parmi quelques brocantes

    Un vieux bijou donné par quel amour d'antan

     

    Elle était là, figée, superbe et déchirante

    Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes

    Des mains belles encore, déformées, les doigts nus

    Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre

     

    Comme chaque matin  dans la salle des ventes

    Bourdonnait une foule, fiévreuse et impatiente

    Ceux qui, pour quelques sous, rachètent pour les vendre

    Les trésors fabuleux d'un passé qui n'est plus

     

    Dans ce vieux lit cassé, en bois de palissandre

    Que d'ombres enlacées, ont rêvé à s'attendre

    Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes

    Mais les choses murmurent si nous savons entendre

     

    Le marteau se leva, dans la salle des ventes

    Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence

    Elle cria: "Je prends, je rachète tout ça

    Ce que vous vendez là, c'est mon passé à moi"

     

    C'était trop tard, déjà, dans la salle des ventes

    Le marteau retomba sur sa voix suppliante

    Tout se passa si vite à la salle des ventes

    Tout se passa si vite qu'on ne l'entendit pas

     

    Près des paniers d'osier, dans la salle des ventes

    Une femme pleurait ses folles années trente

    Et revoyait soudain défiler son passé

    Défiler son passé, défiler son passé

     

    Car venait de surgir, du fond de sa mémoire

    Du fond de sa mémoire, un visage oublié

    Une image chérie, du fond de sa mémoire

    Son seul amour de femme, son seul amour de femme

     

    Hagarde, elle sortit de la salle des ventes

    Froissant quelques billets, dedans ses mains tremblantes

    Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus

    Quelques billets froissés, pour un passé perdu

     

    Hagarde, elle sortit de la salle des ventes

    Je la vis s'éloigner, courbée et déchirante

    De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus

    Pas même ce souvenir, aujourd'hui disparu...

     

    Benabar, "Sac à main" (album Les risques du métier, 2003) 

     

    J'le tiens, j'ai réussi, je procède à l'autopsie
    De cet animal fidèle qui la suit comme un petit chien
    Coffre-fort, confident, partial et unique témoin
    Qu'elle loge au creux de ses reins
    Mais qu'elle appelle, comme si de rien, son "sac à main"
    Poudrier des Puces dans un étui de velours noir
    Dont les grains de poudre blanche patinent le miroir
    Livre de poche, pastilles de menthe et plan de métro
    Échantillon de parfum, baume pour les lèvres, 3 ou 4 stylos
    Des cigarettes oui mais elle a décidé d'arrêter
    Alors demi-paquets de dix, qu'elle achète deux par deux
    La sonnerie étouffée, téléphone qu'elle tarde à trouver
    Un appel manqué, ça l'énerve, encore raté
    Bien sûr, le portefeuille, enfoui comme un magot de pirate
    Lourd comme un parpaing, il contient les photos
    Ses parents, pattes d'éléphant. Un noël avec une cousine
    Au fond, la table en Formica, celle qu'est maintenant dans notre cuisine
    A la place de choix, où je souris bêtement
    Comme "l'équipier du mois". Oui, mais pour combien de temps ?
    J'ai gagné le droit d'être montré aux copines
    Comme ceux qui, avant moi, étaient dans la vitrine
    L'agenda coupable devient machine à remonter le temps
    Notre premier rendez-vous, vendredi 2 Juin à 20h00
    Mon nom de plus en plus présent, jusqu'au jour de l'emménagement
    Et soulignée en rouge, la date de mon anniversaire
    Je passe dans le futur, je descends mercredi prochain
    T'as rendez-vous à midi, avec un certain Sébastien
    Boulevard de "c'est fini", au Bistrot des Amants
    Le portrait dans le porte-monnaie bientôt ne sera plus le mien.


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