• Du Bellay, Les Antiquités de Rome (1)

    Voici le douzième sonnet des Antiquités de Rome de Du Bellay:

    Tels que l'on vit jadis les enfants de la Terre
    Plantés dessus les monts pour écheller les cieux,
    Combattre main à main la puissance des dieux,
    Et Jupiter contre eux, qui ses foudres desserre :

    Puis tout soudainement renversés du tonnerre
    Tomber deçà delà ces squadrons furieux,
    La Terre gémissante, et le Ciel glorieux
    D'avoir à son honneur achevé cette guerre :

    Tel encore on a vu par-dessus les humains
    Le front audacieux des sept coteaux romains
    Lever contre le ciel son orgueilleuse face :

    Et tels ores on voit ces champs déshonorés
    Regretter leur ruine, et les dieux assurés
    Ne craindre plus là-haut si effroyable audace.

    notes:

    écheller= escalader

    squadrons= escadrons (italianisme)

    ores = désormais, maintenant

    le sonnet est organisé par l'articulation entre quatrains et tercets, articulation structurée par la comparaison inspirée du latin "Tels"... "Tel" (cf, "talis"... "qualis"). Le poète fait référence à un épisode mythologique: la révolte des Titans contre Jupiter, cet épisode nous est relaté par Ovide:

    "On raconte que les Géants osèrent déclarer la guerre aux dieux. Ils élevèrent jusqu'aux astres les montagnes entassées. Mais le puissant Jupiter frappa, brisa l'Olympe de sa foudre; et, renversant Ossa sur Pélion, il ensevelit, sous ces masses écroulées, les corps effroyables de ses ennemis." (Métamorphoses, I, 152-158)

    Remarquons, comme dans le texte étudié en classe, l'adaptation d'un texte latin. Notons aussi que le poète se montre moins enthousiaste que dans le sonnet VI: Rome a entrepris une audacieuse mais orgueilleuse entreprise et semble désormais à des lieues de son glorieux passé.


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