• Dans l'extrait qui suit, Du Bellay exprime le souhait suivant: posséder la harpe d'Orphée, ou, à défaut, devenir un nouveau Virgile, pour ressusciter par la plume les "palais" de Rome, en surpassant son modèle. Texte qui éclaire l'intention de Du Bellay: imiter, et peut-être dépasser le modèle antique.

    Mais en allant plus loin, il s'agit aussi d'une réflexion sur les pouvoirs de la parole poétique: le jeu des allusions mythologiques est ici éclairant. D'après les mythes, Orphée passait pour capable d'entraîner les animaux par son chant. Il a même pu ensorceler le terrible chien Cerbère qui garde l'entrée des Enfers, en allant y chercher son épouse Eurydice. Quant à Amphion, on lui prêtait les mêmes pouvoirs qu'au précédent. Les légendes racontent qu'il a pu, grâce à son chant, déplacer les pierres et ainsi bâtir les remparts de la ville de Thèbes. L'allusion à Amphion ici est pleinement signifiante: et si Du Bellay, à son tour, pouvait relever les murs de l'antique Rome? Quant à la comparaison à Orphée, peut-être s'explique-t-elle par le fait que les chants de celui-ci lui ont permis de braver le dieu des morts... La parole poétique serait ainsi un rempart (sans jeu de mot!) contre le néant et l'oubli...

    Que n'ai-je encor la harpe thracienne(*),

    Pour réveiller de l'enfer paresseux

    Ces vieux Césars, et les ombres de ceux
    Qui ont bâti cette ville ancienne ?

    Ou que je n'ai celle amphionienne,
    Pour animer d'un accord plus heureux
    De ces vieux murs les ossements pierreux,
    Et restaurer la gloire ausonienne ?

    Pussé-je au moins d'un pinceau plus agile
    Sur le patron de quelque grand Virgile
    De ces palais les portraits façonner :

    J'entreprendrais, vu l'ardeur qui m'allume,
    De rebâtir au compas de la plume
    Ce que les mains ne peuvent maçonner.

    (*) Orphée était originaire de la région de Thrace, contrée au nord de la Grèce.

     


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    Vue du campo Vaccino avec le marché aux bestiaux
    Paul Bril, 1600
    Huile sur cuivre, 21,5 x 29,5
    Dresde, Staatliche kunstsammlungen

    Cette peinture sur cuivre représente un marché installé sur le Forum romain, où l'on voit les colonnes du temple de Castor et Pollux et la basilique d'Hadrien. Il s'agit pourtant d'une vue imaginaire... C'est dire si les ruines de Rome fascinent!


  • Voici le douzième sonnet des Antiquités de Rome de Du Bellay:

    Tels que l'on vit jadis les enfants de la Terre
    Plantés dessus les monts pour écheller les cieux,
    Combattre main à main la puissance des dieux,
    Et Jupiter contre eux, qui ses foudres desserre :

    Puis tout soudainement renversés du tonnerre
    Tomber deçà delà ces squadrons furieux,
    La Terre gémissante, et le Ciel glorieux
    D'avoir à son honneur achevé cette guerre :

    Tel encore on a vu par-dessus les humains
    Le front audacieux des sept coteaux romains
    Lever contre le ciel son orgueilleuse face :

    Et tels ores on voit ces champs déshonorés
    Regretter leur ruine, et les dieux assurés
    Ne craindre plus là-haut si effroyable audace.

    notes:

    écheller= escalader

    squadrons= escadrons (italianisme)

    ores = désormais, maintenant

    le sonnet est organisé par l'articulation entre quatrains et tercets, articulation structurée par la comparaison inspirée du latin "Tels"... "Tel" (cf, "talis"... "qualis"). Le poète fait référence à un épisode mythologique: la révolte des Titans contre Jupiter, cet épisode nous est relaté par Ovide:

    "On raconte que les Géants osèrent déclarer la guerre aux dieux. Ils élevèrent jusqu'aux astres les montagnes entassées. Mais le puissant Jupiter frappa, brisa l'Olympe de sa foudre; et, renversant Ossa sur Pélion, il ensevelit, sous ces masses écroulées, les corps effroyables de ses ennemis." (Métamorphoses, I, 152-158)

    Remarquons, comme dans le texte étudié en classe, l'adaptation d'un texte latin. Notons aussi que le poète se montre moins enthousiaste que dans le sonnet VI: Rome a entrepris une audacieuse mais orgueilleuse entreprise et semble désormais à des lieues de son glorieux passé.


  • Voici une image romaine de Cybèle, déesse de la fertilité. Il s'agit d'un groupe en bronze d'environ 1m40 de long qui ornait une fontaine (l'eau sortait de la gueule des lions).

     


  • Raphaël

    Etude pour le personnage de Diogène dans l' Ecole d'Athènes

    Raphaël

    Etude d'après Michel-Ange

    Ces deux images, en particulier la première, illustrent rapidement l'importance de l'étude du corps humain dans le domaine de la peinture. La deuxième nous rappelle que les artistes dialguent entre eux, se nourrissent des oeuvres tant de leurs prédécesseurs que de leurs contemporains.