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Quelques poèmes sur la Grande Guerre: Ivor Gurney "Du côté de Vermand"
Ivor Gurney est un poète et compositeur prolifique. Simple soldat, il sert d'abord en Belgique. Blessé à Bihécourt, près de Vermand, dans l'Aisne, il a finit sa vie en mauvais état de santé mentale. Le poème qui suit évoque la vie dans les tranchées, près de Vermand.
A plat ventre à frissonner dans un froid de canard
On a le temps de regarder les étoiles. Enterrés,
On scrute l'est, par dessus le pli. Mars nous harcèle les sens
De ses rafales; mourir ou lutter ne sert plus à rien.
Sur la gauche, des arbres courtauds (on jurerait les bois des Cotswolds)
Se montrent entre les bourrasques de neige sous le ciel clair et ses étoiles.
On a l'esprit accaparé par le froid et l'émerveillement.
Tout est abomination
Et beauté raffinée, vêtements trempés et abominables.
On a ça dans la tête. On crève de froid, d'envie de feu.
Et demain, du pareil au même: la pioche ou bien les barbelés.
Harcelée par les bourrasques de neige, à plat ventre, la chair abomine la terre.
Sentinelle aux avant-postes, ma relève est prévue dans environ
Un quart d'heure. Rien de plus à faire que de se faire tout petit
Dans les trous difficilement creusés, vautrés dans la caillasse gelée,
En proie au mal du pays à en crever, le coeur navré.
Y ai-je jamais été, au chaud et sous la lampe, avec Bach, à la recherche
Du sacré? Alors que la chance est perdue, l'amour à croire sur parole.
Tags : poésie, ivor gurney, Grande Guerre
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