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Quelques poèmes sur la Grande Guerre: Wilfred Owen, "1914"
Wilfred Owen (1893-1918) était sous-lieutenant. Longtemps mobilisé sur la Somme, il fut fauché à la tête de sa section à Ors (Nord) le 4 novembre 1918. Sa mort fut annoncée à ses parents alors que l'on carillonnait l'Armistice.
1914
La guerre est déclarée: l'hiver du monde resserre,
Noire et terrible, sa glaciation. L'abominable tourmente
Ancrée à Berlin fouaille l'Europe dans sa grande largeur,
Déchire les voiles du progrès. En lambeaux
Ou en berne, tous les pavillons de l'art.
En pleurs la poésie. C'est la disette du cœur
Et de la pensée. L'amour a goût de piquette.
Versées, les moissons de l'homme pourrissent sur pied.
Après un printemps éclos sur la Grèce précoce,
Un été glorieux qui a incendié Rome,
Un doux automne, récoltes rentrées, a laissé
Venir un grand âge, riche de tous ces apports.
Mais voici que l'hiver s'acharne et nous impose,
Pour un nouveau printemps, des semailles de sang.
Tags : poésie, grande guerre, wilfred owen
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