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Peintre symboliste de la fin du XIXe siècle, Odilon Redon est l’auteur d’une oeuvre [...]axée sur le rêve et le voyage, comme en atteste le motif récurrent de la barque. D'une [santé] fragile, le jeune Redon est élevé par une nourrice, puis chez son oncle, à la campagne. Il s’initie alors au fusain pour retranscrire la mélancolie et l’étrangeté des paysages, qui constitueront l'essence même de son oeuvre. A l’âge de 7 ans, il découvre les musées de Paris, dont les toiles de Millet, de Corot, de Gustave Moreau, mais aussi Delacroix frappent son imaginaire. De retour à Bordeaux, il décide d'être artiste et prend des leçons de dessin et d’aquarelle[...] Après la guerre de 1870, à laquelle il participe, il s’installe à Montparnasse jusqu'en 1877. Il côtoie alors Fantin-Latour et Paul Chevanard, avant de voyager en 1878 en Belgique et en Hollande. Il écrit ensuite ‘Dans le rêve’, son premier album de lithographie, qui fait la part belle à l’inconscient et à l’imaginaire. Dès les années 1890, Redon délaisse ses noirs, pour s’orienter vers le pastel et l'huile, révélant ses talents de coloriste. En 1899, Maurice Denis l’introduit auprès des Nabis et Redon collabore avec Mallarmé. Ses travaux sont ensuite présentés à la galerie Durand-Ruel en 1900, puis au Salon de la libre esthétique à Bruxelles et au Salon de la Société nationale des beaux-arts à Paris l’année suivante. En 1904, une salle lui est exclusivement consacrée au Salon d'automne et la Légion d'honneur lui est attribuée. [...] Redon meurt après avoir publié une autobiographie dévoilant ses rapports avec le milieu artistique de son époque. Il laisse à la postérité un oeuvre marqué par les méandres de la psychologie et de l’imaginaire.
http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/odilon-redon-3758.php
L'Ange déchu, 1880
L'oeil comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini, lithographie, 1882
La Fleur du Marécage, Lithographie, vers 1885
Les yeux clos, 1890
Barque mystique, vers 1892
Les épines rouges, date inconnue
L'ange déchu, vers 1905
Le char d'Apollon, vers 1909
Le char d'Apollon, vers 1914
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L'orientalisme n'est pas un courant pictural à proprement parler. Il s'agit plutôt d'une thématique qui touche aussi bien le Romantisme que l'Académisme (et même, à certains égards, la peinture de Matisse, par exemple). Si les sujets orientaux sont fréquents dans la peinture, on les trouve aussi en poésie (Hugo en offre l'illustration) qu'en musique.
Cet engouement pour l'Orient n'est pas neuf. Voltaire situe la fin de Candide près d'Istanbul, et l'empire ottoman fournit aussi le cadre de l'opéra de Mozart L'enlèvement au sérail. Plus loin encore, la Cérémonie turque du Bourgeois Gentilhomme de Molière et Lully témoigne de la fascination exercée par l'Orient sur l'imaginaire occidental. Les Salons de peinture se peuple d'odalisques, de cavaliers arabes, de pèlerins allant à la Mecque. On déambule dans les rues du Caire, d'Alger ou d'Istanbul, on explore par l'art les montagnes de l'Atlas ou du Caucase.
Très vite, pourtant, ce goût orientaliste fixe des clichés, fige des stéréotypes. On rêve l'Orient plus qu'on ne cherche à le connaître.
Petite promenade en image et musique...
Dominique Ingres, La grande odalisque, 1815, Musée du Louvre
Théodore Chassériau, Le Khalife de Constantine Ali Ben Hamet, chef des Harakas, suivi de son escorte, 1845, 325 × 259 cm , Château de Versailles.
Léon Belly, Pèlerins allant à la Mecque, 1861, Musée d'Orsay, Paris
Eugène Fromentin, Campement dans l'Atlas, vers 1865, 105 cm x 143.3 cm, The Walters Art Museum, Baltimore
Eugène Fromentin, La Chasse au héron en Algérie, 1865, Musée Condé de Chantilly
Henri Régnault, Exécution sans jugement sous les rois maures de Grenade, 1870, Musée d'Orsay, Paris
Jean-Léon Gérôme, Marchand de peaux, Le Caire, 1869, 61.5 x 50 cm, Collection particulière
Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, L'Esclave blanche, 1888, 146 × 118 cm, Musée des Beaux-arts de Nantes
Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade , 1888, 3ème partie: "Le jeune prince et la jeune princesse"
Piotr-Illitch Tchaïkovski , Casse-Noisette, "Danse arabe", 1892 (ici dans Fantasia, de Walt disney)
James Tissot, Les Rois mages en voyage, 1894, 70,8 x 101,6 cm. Minneapolis Institute of Arts
Jean-Léon Gérôme, Les Derviches tourneurs, vers 1895, 72.5 × 94 cm, collection particulière
Henri Matisse, Odalisque, 1922, 65.1 x 81.3 cm, Metropolitan Museum de New-York
http://www.histoiredelart.net/courants/l-orientalisme-17.html#
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Eugène Delacroix est né en 1798. Sa formation artistique le conduit à fréquenter des peintres comme Gros ou Géricault. Il expose au Salon pour la première fois en 1822 et se fait un nom avec le très remarqué Dante et Virgile aux Enfers (Musée du Louvre).
En 1824, il s'empare de l'actualité en exposant au Salon quatre oeuvres inspirées de la Guerre d'Indépendance Grecque, dont Scènes des massacres de Scio (Musée du Louvre)
Il participe ensuite en 1826 à une exposition consacrée aux Grecs à la galerie Lebrun. Il expose La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi (Musée des Beaux-Arts de Bordeaux) .
En 1828, au Salon, il expose La mort de Sardanapale (Musée du Louvre): oeuvre tourmentée, sombre et violente qui suscite d'âpres discussions.
En 1831, après avoir exposé La Liberté guidant le peuple, Delacroix est invité à rejoindre la mission extraordinaire organisée par le duc de Mornay au Maroc. Le voyage le conduit de Tanger à Alger avant un retour à Toulon en 1832. Pendant ce temps, il remplit des carnets des croquis. Dès lors, Delacroix ne cessera plus de traiter les thèmes orientaux. Ce voyage a profondément marqué son style, en particulier sa perception de la lumière.
Femmes d'Alger dans leur appartement, 1832, Musée du Louvre
L'Arabe au tombeau, 1838, Hiroshima Museum of Arts
Le Sultan du Maroc, 1845, Musée des Augustins de Toulouse
Combattant grec à cheval, 1856, Musée Alexandros Soutzos d'Athènes
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Le poème de Hugo met en scène dans un cadre nocturne et inquiétant ces génies qui passent avec fracas près de la maison du locuteur. C'est un des textes les plus célèbres du poète, et l'un des plus originaux.
Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Ce même poème a inspiré à César Franck un poème symphonique qui porte le même titre et qui, avec des moyens musicaux mime, lui aussi, l'arrivée de l'essaim des djinns et son éloignement progressif en passant par un point culminant tonitruant et épique:
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